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13 - les programmes de conservation

Le Conservatoire d’espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d’Azur met en oeuvre différents programmes de conservation propres au sites des Bouches-du-Rhône.

© Nicolas VINCENT - MARTIN - CEN PACA

les macro-insectivores

Le CEN PACA effectue des études portant sur les oiseaux macro-insectivores.

Cette guilde comprend 6 à 11 espèces qui sont par ordre d'importance : le Rollier d'Europe, la Chevêche d'Athéna, le Petit-Duc scops, la Huppe fasciée, la Pie-grièche méridionale et le Guêpier d'Europe. Cinq autres peuvent ponctuellement s'intégrer aux études comme la Pie-grièche à tête rousse, écorcheur et à poitrine rose ou encore l'Engoulevent d'Europe et le Torcol fourmilier.
Salarié référent : Nicolas VINCENT-MARTIN

© Nicolas VINCENT - MARTIN - CEN PACA

Etude et Conservation de l'unique population française de Glaréole à collier

La Glaréole à collier (Glareola pratincola) est l'une des espèces d'oiseaux les plus menacées de France. Son aire de répartition actuelle se limite à la Camargue où les effectifs varient de 35 à 70 couples entre 2000 et 2004. Une étude a été initiée depuis 2000 par le Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence - Alpes du Sud (C.E.E.P.) et la Station Biologique de la Tour du Valat pour décrire son statut de conservation et identifier les facteurs limitants rencontrés par l'espèce lors de sa reproduction en Camargue. Cette étude qui arrive à son terme a permis d'identifier les actions de conservation et les recherches à mettre en œuvre pour essayer de garantir la pérennité de l'espèce en France.

Historique de la Glaréole en France : La Glaréole à collier a probablement toujours niché en Camargue, mais la première preuve de reproduction remonte seulement à 1937 avec la découverte d'une colonie de 17 couples (Yeates, 1948). Par la suite, des colonies sont dénombrées irrégulièrement jusque dans les années 1950. A partir de là, les prospections et recensements sont plus réguliers, bien que certaines années aucune colonie ne soit trouvée. La variation des effectifs reproducteurs est très importante, de 0 à 60 couples. De 1970 à 1980, la population est estimée entre 30 à 60 couples selon les années. Après 1980, le peu de données montre alors un effondrement des effectifs pour atteindre seulement 6 couples en 1996. Par la suite, au hasard des prospections, des colonies sont découvertes permettant d'augmenter les estimations. En 1999, les recensements font état de 27 couples en trois colonies, avec seulement 8 jeunes à l'envol. L'aire de répartition a diminué. De 1949 à 1962, une petite population était cantonnée sur le vieux Rhône au niveau d'Avignon (Salavan, 1983). La nidification de la glaréole était fréquente dans le sud de la plaine de la Crau et dans le Golfe de Fos au moins de 1951 à 1975 (Cheylan 1975, Lévêque com. pers.). Dans le département de l'Hérault, la nidification de l'espèce est fortement suspectée dans les années 1960. Enfin en Camargue, l'espèce nichait sur l'ensemble des marais autour de l'étang du Vaccarès avec généralement de 2 à 5 colonies. Aujourd'hui, seulement deux secteurs sont colonisés chaque année en tête de Camargue. Dans le Gard et l'Hérault, la nidification est occasionnelle.
Biologie de la reproduction : Les premières glaréoles arrivant d'Afrique peuvent être observées dès la fin du mois de mars ou début avril. Mais c'est réellement entre fin avril et mi-mai qu'elles arrivent en Camargue. Les pontes, de 2 à 3 œufs sont déposées à même le sol. Au final, seulement 37% des installations mèneront au moins un jeune à l'envol soit une moyenne de 0,5 poussins par tentative de reproduction. Ces résultats sont très faibles par rapport à d'autres populations comme en Espagne (Dolz Gracia & al., 1989, Calvos, 1994, Bertolero & Vilalta, 1997-98) et en Ukraine (Plozhidaeve & Molodan, 1992) où de 1 à plus de 2 jeunes par couples sont produits. Les glaréoles installent leurs colonies dans des milieux très ouverts et arides présentant un faible recouvrement et une faible hauteur de végétation. Les habitats sélectionnés sont des sansouïres ouvertes, des vasières sèches, des prairies fortement pâturées, des jachères agricoles. Les études depuis l'an 2000 ont permis de mettre en évidence leur dépendance également vis-à-vis des zones humides pour leur alimentation. Elles recherchent dans un rayon d'un kilomètre autour de la colonie une surface en milieux humides de plus de 55%, roselières, prairies humides et rizières.
Causes d'échec de la reproduction : 43% des échecs de la reproduction sont directement liés à l'activité humaine : mise en eau artificielle du site (22%), piétinement par les troupeaux de taureaux (13%) et dérangements humains (8%). 26% des échecs sont d'origine naturelle (mise en eau du site d'origine naturelle, prédateurs) et 31% restent inexpliqués.
Menaces sur les zones humides méditerranéennes : Les zones humides ont été l'objet d'aménagement et d'assèchement souvent issus d'efforts collectifs ancestraux. Les zones humides méditerranéennes restent le lieu de conflits d'usages croissants soulignant les enjeux de conservation de leur biodiversité. Aux profondes modifications d'usage du sol (urbanisation, mise en culture, tourisme), s'ajouteront au XXIe siècle les modifications liées aux changements climatiques et à la pénurie grandissante de l'eau. La convergence entre les usages des zones humides et la conservation de leur biodiversité reste encore à trouver.
Principaux objectifs : L'objectif central du projet est de garantir la pérennité de l'espèce en France sur le long terme et de proposer des solutions rationnelles et durables visant à conserver la Glaréole à collier. Le projet inclut plusieurs volets :

1. Inciter les glaréoles à se reproduire sur des espaces protégés Si les habitats de reproduction et d'alimentation de la glaréole à collier sont aujourd'hui directement liés aux activités humaines (pâturage, jachères agricoles, marais de chasse, rizières, etc.), certaines modalités d'utilisation de ces espaces par l'homme peuvent limiter la reproduction des colonies. Certains conflits d'usage ont ainsi déjà été mis en évidence tels que l'inondation des pâturages au printemps, destinée à augmenter la valeur fourragère des parcelles pour le bétail, qui entraîne l'inondation des colonies. De même, la remise en eau précoce de certains marais de chasse, dans un but cynégétique, peut conduire au même résultat. Une gestion durable des écosystèmes doit conduire les différents acteurs du territoire camarguais à établir un cahier des charges qui prennent en compte à la fois le maintien de la biodiversité tout en garantissant la pérennité des activités humaines. Pour l'heure, nous cherchons a attirer les glaréoles sur des espaces protégés et gérés pour elle, au Marais du Vigueirat, à la station biologique de la Tour du Valat et sur les terrains du Parc Naturel Régional de Camargue. Cette action a pour objectif de multiplier les sites colonisés et ainsi augmenter le succès de reproduction de la population.

2. Information et sensibilisation des acteurs locaux, propriétaires de marais et agriculteurs : la très grande majorité des colonies s'installe sur des espaces privés non protégés. Ainsi, plus de 40% des échecs de la reproduction pourraient être évités en présence d'une concertation avec les propriétaires et agriculteurs. C'est pourquoi l'information et la sensibilisation des acteurs locaux sur les exigences et la valeur patrimoniale de la glaréole à collier est une étape déterminante pour le succès de la conservation de l'espèce en France.

3. Suivi de la reproduction La poursuite du suivi des colonies de nidification est essentiel pour mesurer l'évolution des effectifs et de leurs succès reproducteurs afin d'évaluer le succès des mesures de protection mis en place.

Plaquette de présentation de la glaréole à collier

Salarié référent : Nicolas VINCENT-MARTIN