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05 - les programmes de conservation

Le Conservatoire d’espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d’Azur met en oeuvre des programmes de conservation propres au département des Hautes Alpes dont voici un exemple.

© Lionel QUELIN - CEN PACA

L'Azuré de la Sanguisorbe en Région PACA

Maculinea telejus (BERGSTRASSER, 1779) est un papillon de la famille des Lycènes, le mâle est largement coloré de bleu et la femelle beaucoup plus ombrée. Il se reconnaît bien à sa série de taches noires post-discales, sa tache noire discoïdale sur le dessus et sa partie inférieure grise comportant des ocelles noirs plutôt petits.

Biologie du genre Maculinea : Comme les quatre autres espèces européennes du genre Maculinea (M. alcon, M. rebeli, M. nausithous, M. arion), l'Azuré de la sanguisorbe a un cycle biologique tout à fait particulier qui suit le modèle suivant :
- Le papillon passe une grande partie de sa vie larvaire sous terre, dans le nid de fourmis rouges du genre Myrmica dans lequel il se nourrit des couvains de leurs hôtesses, hiverne et se chrysalide.
- Les chenilles exsudent une sécrétion composée d'un mélange de substances chimiques incitant les fourmis à les tolérer dans la fourmilière. La fourmi hôte la plus fréquente est Myrmica scabrinodis.
- Les papillons éclosent en plein été et rampent le long des galeries jusqu'à l'air libre avant de déployer leurs ailes.
La ponte de l'Azuré de la sanguisorbe, quant à elle, a lieu sur une unique plante hôte qui est la Sanguisorbe officinale (Sanguisorba officinalis), la femelle de M. telejus dépose alors un unique oeuf par plante au niveau des boutons floraux. Après éclosion la chenille se nourrit pendant 2 à 3 semaines sur sa plante hôte, muant à 3 reprises, puis, à la fin de l'été elle se laisse tomber au sol et se cache jusqu'à ce que des fourmis la trouvent, sans quoi elle meurt de faim. Une fois conduite dans la fourmilière la chenille est soignée comme les larves de fourmis tandis qu'elle dévore les couvains de ses hôtesses. L'imago peut vivre facilement 1 mois mais beaucoup d'entre eux périssent dans les heures qui suivent l'éclosion si bien que l'espérance de vie de dépasse guère 5 jours. Il recherche le nectar de différentes fleurs mais semble peu apprécier celui de la Sanguisorbe. Pour le développement d'une population il est nécessaire d'avoir à la fois un grand nombre de plantes et de fourmis hôtes mais il semblerait que le facteur limitant soit plus souvent la faible densité des fourmilières d'accueil que celle de la Sanguisorbe.
Habitat de l'Azuré de la sanguisorbe : Cette espèce est présente dans les milieux humides (marais, prairies humides) où pousse la Sanguisorbe officinale. Les populations les plus abondantes se rencontrent sur des prés abandonnés depuis quelques années, par contre le papillon se raréfie si la végétation devit trop haute et trop dense pour la plante et la fourmi hôte. Les colonies typiques comprennent le plus souvent quelques dizaines de papillons (exceptionnellement quelques centaines d'individus) qui se reproduisent souvent sur un territoire de moins de 1 hectare.
Répartition géographique : Europe centrale, Asie et Japon. Il a disparu des Pays-Bas et de Belgique et a fortement régressé dans les pays du Nord de l'Europe. En France il est présent dans l'Est et le Sud-Ouest en populations très localisées mais avec des effectifs parfois abondants.
Menaces et statut : UICN (Liste rouge des animaux menacés dans le monde) : Proche de la vulnérabilité; Europe Directive Habitat-Faune-Flore : Annexes II et IV; Convention de Berne : Annexe II; Recommandation N°51 du Conseil de l'Europe : Considéré comme prioritaire pour l'élaboration d'un plan de restauration en Europe Inscrit en Liste rouge Européenne (Conseil de l'Europe, 1996); France : Protégé au niveau national (arrêté ministériel du 22 juillet 1993), Livre Rouge : Inventaire de la faune menacée en France (1995) : en danger
En région Provence Alpes Côte d'Azur, l'Azuré de la Sanguisorbe est présent dans les départements des Alpes de Haute Provence et des Hautes-Alpes. Dans les Alpes de Haute Provence une seule station est actuellement connue. Dans les Hautes-Alpes, une campagne d'inventaires menée par le CEN PACA au cours de l'été 2002 a permis de passer de moins de 10 sites connus avant prospection (enquête auprès des associations lépidoptériques et entomologistes amateurs) à 34 sites à la fin de l'été 2002. Dans ces régions de montagne, la localisation des populations d'Azuré de la sanguisorbe, souvent en fond de vallée où se concentrent les activités agricoles plus intensives et l'urbanisation, les rend particulièrement vulnérables. On observe ainsi :
- Des mutations agricoles sur tous les secteurs : retournement des prairies naturelles et/ou remplacement des canaux d'irrigations par des dispositifs d'aspersion. - L'urbanisation touche fortement le Gapençais, la plaine de la Luye et la plaine de l'Avance.
- Les infrastructures linéaires menacent la vallée du Buëch (projet d'autoroute A51), le Gapençais et la plaine de l'Avance (voies rapides).

Les actions conservatoires en direction des zones humides, et tout particulièrement celles abritant des populations d'Azuré de la sanguisorbe, constituent une priorité sur le département des Hautes-Alpes. Des partenariats ont déjà été engagées dans ce sens sur des tourbières du plateau de Bayard.