Des chiens alliés des hommes pour la conservation de la nature
Publié le 12 juillet 2018 - Valorisation
Le Conservatoire d'espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d'Azur (CEN PACA), co-gestionnaire de la Réserve naturelle nationale des Coussouls de Crau à Saint-Martin-de-Crau dans les Bouches-du-Rhône, a testé pour la 2e année consécutive l'utilisation de chiens pour améliorer la détection d'espèces rares et menacées. Une méthode innovante, réalisée en partenariat avec l'Université de Washington à Seattle (USA) et le Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier (CEFE-CNRS).
L'expérience a été menée du 25 mai au 24 juin 2018 sur la Réserve naturelle des Coussouls de Crau et ses environs, avec la chienne Héra et sa maîtresse Rita Santos (Conservation Canine European Division), ainsi que la chienne Leia et sa maîtresse Nathalie Espuno (CEFE-CNRS de Montpellier).
Les chiens sont capables de mémoriser en quelques minutes une odeur et de la suivre à la trace pendant plusieurs heures. Ils sont d'ailleurs employés pour cette compétence dans de nombreux domaines : secours en montagne, investigations policières, trafic de stupéfiant, dépistage de cancers et conservation de la nature. En Crau, ils ont ainsi appris à détecter les indices de présence d'espèces patrimoniales comme le Lézard ocellé, l'Outarde canepetière, l'Alouette Calandre et le Criquet de Crau. Cette dernière espèce, que l'on ne trouve qu'en Crau, et dont la coloration est semblable aux lichens présents sur les galets de la steppe de Crau, est très difficile à repérer à l'il. En un mois de présence et vingt jours de terrain, la Chienne Héra a ainsi parcouru 167 km et détecté 115 indices (crottes, cadavres, plumes, etc.) de différentes espèces. Les résultats sont en cours d'analyse mais les gestionnaires constatent d'ores et déjà une cartographie des espèces plus affinée. Certaines espèces sont en effet présentes là ils ne les attendaient pas et d'autres ont une répartition plus étendue que celle initialement connue.
Le CEN PACA, le CEFE-CNRS et la Station biologique de la Tour du Valat avaient testé cette méthode avec succès sur le Lézard ocellé au printemps 2017. L'expérience de cette année souligne, une fois de plus, la grande capacité des chiens à mémoriser une odeur, l'importance du couple maître-chien et le gain de temps et d'efficacité dans les inventaires et les suivis. Le gain de temps est significatif et permet de répliquer les prospections d'année en année pour suivre l'état de conservation de ces espèces.